Brève étude sur l’évolution de la population de La Bachellerie depuis le XIXe siècle

Georges-Louis Baron, 31/10/2023

 

Les lignes qui suivent s’intéressent à l’évolution de la population de la Bachellerie au cours du temps et, notamment, depuis la grande crise du phylloxéra. Elles sont fondées sur une analyse de documents accessibles en ligne. D'une part le site des archives de la Dordogne, qui présente en 2023 les recensements de population entre 1836 et 1936 ainsi que les registres de naissance et de décès entre la fin du XIXe et 1922 . D’autre part, la plateforme Wikipédia a également été mise à contribution.


Un déclin de la population au cours du temps jusqu’en 2000

Au cours de mes lectures et investigations sur les évolutions de La Bachellerie au cours du temps, j’ai constaté l’importance qu’avait revêtue, il y a bien longtemps, la crise du phylloxéra. G. Garrier rappelle dans un livre de 1989 que le parasite arrive en France peu après 1870 et envahit très rapidement tout le vignoble français, attaquant pratiquement tous les pieds de vigne. Dans les contrées viticoles, c’est une catastrophe majeure, dont on ne sortira qu’une trentaine d’années plus tard. Il y a donc un exode rural, tant vers les grandes villes que vers l’étranger. On trouve notamment témoignage, sur le blog de Daniel Sourny, de personnes qui se sont alors exilées en Amérique du sud (ici).

D’autres épreuves majeures vont ensuite frapper le pays : la première guerre mondiale, puis la crise économique de 1929 et la seconde guerre mondiale. L’exode rural se confirmera.
Le graphique suivant, issu de la page Wikipédia sur La Bachellerie, confirme la baisse continue de la population depuis le dernier quart du XIXe siècle jusqu’en 2000 environ. Ce n’est que récemment que la tendance s’est inversée. En 2020, la population était de l’ordre de ce qu’elle était vers 1920.

Source : page Wikipédia sur La Bachellerie

Évidemment, la taille de la population dépend de l’activité économique alentour. Maurice Genty relevait dans son ouvrage paru en 1971 que l’usine des papeteries de Condat, grand employeur de la région qui s’installe en 1907, s’est surtout développée après la seconde guerre mondiale. Elle employait environ 700 personnes en 1970 contre quelques centaines avant cette guerre. Depuis la construction de l’autoroute A 89, dont un péage est sur le territoire de la commune, de nouvelles implantations de population ont eu lieu.

Les données en ligne sur les archives de la Dordogne donnent facilement des renseignements complémentaires sur La Bachellerie.

Un aperçu des registres de recensement en ligne

On trouve sur le site des archives des photocopies des documents primaires de recensement. Ces recensements ont eu lieu tous les 5 ans, mais certaines années sont manquantes. En 2023, on ne dispose pas en ligne des résultats des recensements après 1936.
L’extrait suivant, issu du registre de 1881 donne un exemple relatif à la famille Rafaillat. Cette dernière comporte alors huit personnes : le chef de ménage Michel (bourrelier) a 74 ans. Son épouse (sage femme) a 64 ans. La maison abrite également leur fils aîné (40 ans, également bourrelier) et sa femme ainsi que leurs trois enfants ainsi qu’un autre fils de Michel.

Comme on pouvait s’y attendre, la nature des informations fournies par les recensements varie selon les années. En 1851, par exemple, elles sont particulièrement détaillées, donnant notamment des ventilations par type de travail. Il est ainsi indiqué, entre autres, parmi les 1554 individus recensés (789 hommes et 765 femmes) :

  • 500 propriétaires cultivateurs (250 hommes et 250 femmes).
  • Dans la catégorie « petite industrie ou marchands »), 17 personnes (6 « maîtres » et 11 « apprentis, aides ou commis ») entrent dans la sous-catégorie Industrie du bâtiment. Cette dernière est très étendue : « entrepreneurs, marchands de bois de construction, maçons, charpentiers, menuisiers, serruriers, peintres, vitriers, décorateurs, ouvriers ornemanistes, plâtriers, plombiers, couvreurs, fumistes, briquetiers, poêliers, ardoisiers, marbriers, miroitiers, marchands de meubles, tapissiers, marchands de papiers peints, ramoneurs, badigeonneurs, etc ».
  • 20 personnes (5 maîtres, 9 apprentis et 6 femmes) travaillaient dans la sous-catégorie industrie de l’habillement (« march. de laine, marchands de tissus et d’étoffes diverses, merciers, chapeliers, tailleurs, marchands d’habits tout faits, cordonniers et sabotiers, modistes, couturières, brodeuses, dentellières, fabricants de fleurs artificielles, fourreurs, gantiers, passementiers, blanchisseurs et apprêteurs, calandreurs, teinturiers, corroyeurs, brossiers, fabricants de bas, de cols, coiffeurs, parfumeurs, etc. »...
  • 11 hommes et 11 femmes sont catalogués comme vivant du « produit de leurs propriétés, rentiers ».
  • 5 hommes et 7 femmes sont mentionnés dans la catégorie « mendiants et vagabonds ».

Dans la catégorie « individus sans professions », quelques personnes sont données comme sans moyens d’existence connus (3 hommes et 5 femmes) et il y a 15 femmes vivant du travail ou des revenus de leurs maris ».
Les détails demandés ne se limitent pas à la profession. Cette année-là par exemple, le recensement signale 1 aveugle, 1 borgne, 1 aliéné à domicile, 10 individus atteints de goitre, 12 atteints d’une déviation de la colonne vertébrale. Toutes les personnes recensées sont portées comme « catholiques romains ».
Un tel niveau de détail n’est pas présent à chaque recensement. Mais les informations données sont un moyen d’estimer l’évolution de la composition sociale de la commune au cours du temps.

Le graphique suivant, issu de ces données, est tout à fait conforme à ce qu’a publié Wikipédia. Il donne non seulement la population de la commune, mais aussi, pour les années où elle est indiquée clairement, celle du bourg.

 

Ce dernier représente selon les années entre le tiers et 44 % de l’ensemble de la commune.
Le problème de la baisse de population depuis le XIXe siècle suivie d’une légère remontée récente est plus général, comme le confirme le site Wikipédia pour la Dordogne.

Cette investigation montre qu’il est possible, sans être spécialiste, d’apporter des éléments de réponses aux questions qu’on se pose en ayant recours à des informations publiquement accessibles en ligne. Cependant, la vigilance est toujours de mise : il y a tant d’informations sur internet, de provenance parfois douteuse... Il importe donc d’évaluer la crédibilité des sites qu’on consulte. Plusieurs voies sont possibles pour cela.

Les revues scientifiques publient, souvent en ligne, une information qui a fait l’objet d’une évaluation sérieuse. Mais elle n’est pas toujours d’un abord facile. Pour leur part, les données issues de l’administration sont assurément authentiques, même si elles peuvent ne représenter qu’approximativement la réalité. Celles provenant de Wikipédia tirent leur authenticité de la validation par une communauté et il est largement accepté qu’on peut en général leur faire confiance. D’autres sites peuvent bien sûr être considérés comme fiables, à condition qu’on ait des garanties sur leurs responsables.


Références

Garrier, G. (1989). Le phylloxéra : Une guerre de trente ans, 1870-1900. A. Michel.

Genty, M. (1971). Les papeteries de Condat. Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud- Ouest Européen, 42(3), 325‐342. https://doi.org/10.3406/rgpso.1971.2284

 

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