LA VIE ETONNANTE DE PIERRE BAYLE

Première partie: son enfance et son premier séjour en Argentine.

Pierre BAYLE es né en 1864 au village de Vialot, dans la commune d'AURIAC DU PERIGORD. Son grand-père avait eu trois fils et avait donné à chacun un surnom ,l'un Lorient, un autre capitaine et celui qui fut le père de Pierre, Raquin (pour requin parce qu'il avait des dents très pointues).Jai bien connu le fils du Capitaine qui avait d'ailleurs hérité du surnom de son père tout comme Pierre qu'on appelait quelquefois le Raquin lui aussi. Le père de Pierre avait épousé Marie ROUSSET alors qu'elle avait déjà deux enfants naturels l'un d'eux est le père de notre cousine Fernande.

Pierre resta rapidement seul avec sa mère car ses frères durent très jeunes gagner leur vie et son père disparut dans des conditions que je n'ai pas eu l'occasion de connaître.

En 1870 ils vivaient, sa mère et lui ,dans une petite cabane sur le Causse qui existe encore et si ce n'est une meilleure toiture le confort n'était pas plus grand; ils vinrent habiter le bourg de LA BACHELLERIE dans un petit logement qui devint longtemps après une partie de mon ancien atelier.

Là avec des petits camarades de son age il fit des polissonneries comme en font tous les gamins.

C'est à cette époque, à huit ou neuf ans, qu'il fréquenta un peu l'école de LA BACHELLERIE.IL n'eut pas le temps d'y apprendre grand chose et il était pratiquement illettré quand, vers l'âge de 11 ans ,il commença à travailler. Il fit d'abord de petits travaux pour des gens qui le payaient avec une assiette de soupe et un morceau de pain. Un jour qu'il travaillait dans le jardin de la maison, il vit sur un petit mur une pièce de deux sous, il comprit vite que ces deux sous avaient été mis là pour le tenter et l'éprouver. Pour bien faire comprendre qu'il avait vu la pièce il posa dessus un petit caillou bien rond; l'après-midi quand il revint à son travail, la pièce et le caillou avaient disparus.

C'est peu après qu'il fut placé comme petit domestique dans une ferme de THENON que je connais bien y ayant travaillé moi-même beaucoup plus tard. Entre temps sa mère et lui étaient venus habiter une petite maison aujourd'hui en ruines sur le bord de la route nationale à deux cent mètres de La Mule Blanche à droite en allant vers AZERAT. Chaque fois qu'il venait voir sa mère, il repartait nu pied pour économiser ses souliers, en pleurant car son patron était très dur avec lui.

A l'époque les domestiques de ferme couchaient dans l'étable avec les bêtes, ce qui n'était pas si désagréable car il y faisait bon l'hiver. Une nuit il fit ses besoins dans l'étable pensant le sortir le lendemain en même temps que le fumier. Il ne le fit pas assez tôt et le patron s'en aperçut. Il décida de le lui faire manger, il s'en suivit une bagarre au cours de laquelle ils furent tous les deux bien barbouillés. Bien que la patronne ne donnât pas raison à son mari, Pierre ne voulut pas rester davantage et retourna chez lui.

Bien que le chemin de fer existât déjà, les transports routiers avaient encore beaucoup d'importance et il existait un relai de chevaux à l'hotel de La Mule Blanche. Il y fut engagé comme valet d'écurie. Il lui arrivait d'accompagner jusqu'à La Maison Neuve, sur la route de Limoges, des charretiers qui avaient besoin de chevaux de renfort. Il n'était pas encore bien grand et il n'était pas bien fier quand il ramenait ses chevaux seul dans la nuit.

Plus tard il fut engagé comme domestique chez un médecin, maire de LA BACHELLERIE et peut-être aussi conseiller général. . C' était un personnage très important. Au moment du conseil de révision il demanda à Pierre s'il tenait beaucoup à être soldat, lui de son côté préférait le garder à son service. Pierre lui ayant déclaré son indifférence, on lui remit un livret militaire où figurait la mention "appelé et dispensé". C'est alors qu'il était toujours chez ce médecin qu'il eut l'occasion de voter pour la première fois. Le lendemain son patron lui demande pour qui il avait voté; Pierre lui répondit "les candidats étaient tous de brave gens et comme je ne voulais faire de mal à personne je n'ai rien mis dans mon enveloppe". Son patron qui venait d'être réélu lui répondit: puisque tu n'as voulu faire de bien ni de mal à personne, personne ne te fera de mal, mais personne ne te fera de bien.

Il existait à cette époque de petites tanneries sur le bord du Cern. Le moulin du bassin fonctionnait encore et on y faisait moudre l'écorce de chêne pour faire le tan. Pierre s'y était embauché, mais ce travail était si pénible, à cause de la poussière, qu'il dit à son patron qu'il préférait partir si celui ci ne lui donnait pas un autre emploi. On le mit alors à traiter les peaux et il apprit ainsi le métier de de tanneur.

Du fait du développement de la grande industrie, beaucoup de petites entreprises se trouvèrent en difficulté, ce fut le cas pour les Tanneries du Cern. De plus grave catastrophe s'était abattue sur la région, c'était le phylloxéra. La principale richesse de LA BACHELLERIE était la vigne. Les propriétaires étaient de petits bourgeois qui employaient beaucoup de domestiques et de journaliers; tout ce monde fut réduit au chômage et à la misère.

C'était à ce moment là, en 1888, qu'il y eut une importante émigration vers l'Amérique du Sud.

Pierre décida de partir; il avait alors 24 ans. Ceux qui partaient voyageaient gratuitement ayant des contrats de travail avec des entreprises argentines. Comme Pierre avait quelques économies, il préféra payer son voyage pour conserver sa liberté, ce qui finalement ne lui servit à rien puisqu'il fut obligé, en arrivant, d'accepter n'importe quel travail.

Quoique d'une santé très robuste, il souffrit beaucoup du mal de mer et arriva complètement épuisé.

Quand Pierre débarqua à BUENOS-AYRES, il ne savait bien entendu pas un mot d'espagnol et se trouvant dans la nécessité de se procurer rapidement un emploi, il fut embauché dans une importante entreprise ou l'on faisait à la fois l'élevage et l'abattage des cochons. Il était chargé de transporter sur une charrette à cheval une cuve pleine de déchets de l'abattoir destinés à la nourriture de cochons à l'élevage. Cette entreprise se trouvait au bord de la mer et les ouvriers couchaient dans des cabanes sur pilotis; ils montaient par une petite échelle. Dans le milieu de la nuit, il se réveilla en entendant l'eau clapoter sous les planches, en regardant par la porte il lui sembla que la cabane était au milieu de la mer. Il s'affola, crut à quelque cataclysme et réveilla ses compagnons; ceux-ci ne lui répondirent que par des grognements et des injures; eux étaient habitués au phénomène de la marée, chose dont le pauvre Pierre n'avait jamais entendu parler. La marée lui joua un autre tour. Un jour qu'il se baignait avec deux camarades, il se laissa emporter par le courant et s'aperçut tout à coup qu'il était extrêmement loin de la côte et ne réussit à la regagner qu'au prix d'efforts surhumains, il me disait même que les deux autres avaient cherché à le faire noyer, ce qui est sans doute exagéré.

C'est au cours de son travail dans cette entreprise qu'il lui arriva une autre aventure. Un jour qu'il menait un chargement de sang, les roues de sa charrette s'embourbèrent tellement, qu'il fut obligé de vider une grande partie de la cuve pour pouvoir s'en sortir. Quant à un autre voyage il repassa au même endroit il y trouva un charretier indien dont les bœufs effrayés par le sang refusaient absolument d'avancer. En voyant Pierre il lui cria en espagnol sut ton de colère: c'est toi qui a fait ça!. Pierre crut devoir faire l'ignorant et lui répondit: "comprends pas". Ici je dois expliquer un jeu de mots : pain en espagnol se prononce Pa, à défaut de pain on mangeait une sorte de biscuit appelé en espagnol: galietta. L'indien lui répondit toujours en espagnol:" Ah! tu comprends pain , et bien comprend aussi galietta !". En même temps il lui frappait sur le dos à grand coup d'aiguillon. Il arrivait rarement à Pierre de se laisser battre, mais cette fois sans doute n'était il pas de taille, il préféra s'enfuir sans insister.


Au bout de quelques temps, Pierre avait appris à parler assez bien espagnol, la connaissance de la langue occitane qu'on parle en Périgord l'avait beaucoup aidé surtout pour la prononciation. Il y avait alors à BUENOS-AIRES des tanneries prospères; lespeaux brutes étaient très abondantes et très bon marché alors que le cuir fini se vendait bien et était tès recherché. Les tanneurs professionnels étaient rares, ainsi Pierre peut travailler dans son métier. Les bons ouvriers étaient très bien payés. Ils gagnaient dix à douze francs par jour alors que le prix de pension n'était guère que de deux francs. La plupart de ses compagnons dépensaient tout leur argent soit au jeu, soit en amusements de toutes sortes. Pierre avait trop souffert dans son enfance pour mépriser l'argent et il commença à faire des économies.


Cést à ce moment là qu'il lui arriva une triste aventure. Un jour qu'il se promenait dans la rue avec un camarade avec qui il parlait français, ils furent abordés par un inconnu qui leur dit: " Pardon, Messieurs,seriez vous français?"-"Oui, nous somme français, pouquoi ?-Eh bien, voilà je suis moi-même suisse français et je viens de débarquer, je ne connais pas un mot d'espagnol et je suis très embarassé. Je suis venupour hériter d'un oncle très riche qui est mort à LA PLATA. Je ne suis pas très débrouillard et je ne sais pas comment me rendre dans cette ville et j'abandonnerais volontiers la moitié de l'héritage à ceux qui voudraint bien m'aider à le récupérer. Cetait une offre intéressante. Pierre et son camarade connaissaient de nom la localité en question et voyaient la possibilité d'aider leur nouvel ami. Celui-ci leur dit: " j'ai toute ma fortune dans cette valise et j'ai constamment peur de me la faire dérober, aussi j'aimerais que vous la gardiez vous même jusqu'à notre départ demain. Bien sur je vois que vous êtes honnêtes et je vous fais confiance, mais je serais quand même plus rassuré si vous mettiez dans cette même valise vos propre économies tous les deux" (là je crois bien que personnelement je n'aurais pas marché) Toujours est il que nos deux amis n'hésitèrent pas une seconde à mettre tout leur argent  dans la valise et même le camarade de Pierre y mit également de l'argent que sa sœur lui avait confié. La dessus nos trois hommes vont  fêter leur association dans un petit café. On prit rendez-vous pour le lendemain et Pierre et son compagnon regagnèrent  la chambre qu'il partageaient. En arrivant le copain dit à Pierre :"Et si on laissait tomber le bonhomme et qu'on garde tout, il ne saurait pas ou aller nous chercher "-"Oh non! répondit Pierre, ce serait malhonnête". La dessus  ils ouvrent la valise pour se rendre compte. Horreur! elle ne contenait que des vieux papiers, l'argent avait mystérieusement  disparu. Bien entendu ils ne revirent jamais  le Suisse. Le copain se demandait surtout ce qu'il pourrait bien raconter à sa sœur. Pierre quand à lui  prit la chose assez bien. La leçon avait été chère mais il décida qu'elle lui servirait une fois pour toute. A partir de ce jour il courait plus vite dans la rue chaque fois que quelqu'un tentait de l'arrêter pour lui demander du feu ou l'heure qu'il était.

J'ai déjà dit qu'il gagnait bien sa vie er qu'il était très économe, aussi ne tard a-t-il pas à se renflouer. Quand il eu suffisamment d'argent il acheta un terrain, construisit un atelier et finalement s'installe tanneur à son propre compte. Il arrive ainsi à l'année 1896 c'est à dire qu'il était en Argentine depuis huit ans quand il eut la nostalgie de la France et surtout de 

LA BACHELLERIE

2em  partie son séjour  au CHILI

 

Il trouva un acquéreur pour son atelier et réalisa  avec ses économies la somme de huit mille francs or ( soit l'equivalent de huit millions d'anciens francs 1970). Il se rendit à la succursale de la Société Générale qui est une banque  française pour changer sa monnaie argentine contre de la monnaie française. Le directeur de la banque lui dit qu'il ne pouvait lui remettre que  mille cinq cent francs en espèces; il lui remit  un reçu pour le complément en lui disant qu'il lui suffirait de le remettre à la succursale de BORDEAUX pour toucher le reste de son argent. Il embarqua donc pour la France et arrivé à BORDEAUX il se présente aussitôt à la banque où  on lui dit que son reçu  n'avait de valeur que pour la banque qui l'avais remis. Assez inquiet  Pierre se rendit quand même à La Bachellerie où il retrouva sa famille et ses anciens amis. La situation de son ancien patron, le tanneur, s'était  encore aggravée et il lui dit: "si je n'avais pas mes enfants tout petits je t'aurai suvi là-bas"

         Toujours inquiet pour son argent il décida de repartir en Amérique. En arrivant à la banque de BUENOS-AIRES, il apprit la disparition du directeur et la perte définitive de son dépôt. on voyage en France  ayant nécessité la dépense d'une grosse  partie des milles cinq cents francs dont il disposait, encore une fois il se retrouva  presque à zéro. Aussi ,c'est avec amertume qu'il rendit visite à celui qui lui avait  acheté son atelier; celui-ci  l'aurait volontiers pris comme ouvrier, mais pour Pierre, ça aurait été bien trop humiliant. C'est alors qu'il rencontra un ancien camarade qui, se disant  dégouté de l'Argentine avait  décidé d'aller tenter sa chance au Chili; il lui proposa de partir avec lui.
  Pierre ne connaissait pas beaucoup sa géographie mais il avait quand  même déjà entendu parler de ce pays. Lui aussi ne gardait guère de bon souvenirs des huit années passées à BUENOS-AIRES. Il décida de partir avec son compagnon pour ce nouveau pays. Ils traversèrent  l'immense plaine de l'Argentine  en chemin de fer jusqu'à MENDOZA, au pied de la Cordillères des Andes. A cette époque le train n'allez pas plus loin ( depuis par un tunnel , il continue  jusqu'au Chili). Pierre et son compagnon, ainsi que d'autres voyageurs, firent la traversée de la Cordillère à dos de mulet; ce n'était pas une petite entreprise. Il n'y avait que des pistes dans la montagne et quelquefois il fallait  marcher à pied  avec de la neige jusqu'au ventre. Il leur fallut plusieurs jours d'efforts pour arriver à SANTIAGO-DU-CHILI.

    Pierre se remit au travail avec acharnement  et au bout de quelques années  il s'était  déjà sorti d'embarras. Il avait acheté en dehors de la ville des terrains  qui prirent une grande valeur à mesure que SANTIAGO s'agrandissait il y avait  bâti d'abord un atelier, puis une maison et un magasin. Il bâtit par la suite  d'autres  petites maisons et eut des locataires. Toutes ces constructions étaient  surtout en bois et très légères  ce qui fit qu'elles souffrirent très peu d'un terrible tremblement de terre  qui ravagea  tous les  plus beaux monuments de la ville. Le soir, il fut un peu surpris en allant  se coucher de trouver quelques plâtras sur son lit et ce n'est que le lendemain qu'il se rendit compte de l'ampleur de la catastrophe.

Il survint une circonstance qui permit à Pierre de gagner beaucoup d'argent. Le gouvernement du Chili qui craignait une guerre avec le Pérou, avait commandé à un fournisseur une quantité importante de cuirs vernis destinés à faire des visières  de képis et des ceinturons pour les soldats. Pierre se trouvait être le seul à SANTIAGO à connaitre le secret du vernis qui devait, sans se craqueler, conserver au cuir toute sa souplesse.
Bien que ce travail ne lui ait pa été confié par le gouvernement mais par un intermédiaire il était quand même très bien payé. Comme il s'était engagé à livrer rapidement et qu'il ne voulait  mettre personne au courant de sa fabrication, il travaillait jusqu'à vingt heures par jour, prenant à peine le temps de manger et de dormir. Il se faisait ainsi quatre vingt francs or par jour.

Il survint une circonstance qui permit à Pierre de gagner beaucoup d'argent. Le gouvernement du Chili qui craignait une guerre avec le Pérou, avait commandé à un fournisseur une quantité importante de cuirs vernis destinés à faire des visières  de képis et des ceinturons pour les soldats. Pierre se trouvait être le seul à SANTIAGO à connaitre le secret du vernis qui devait, sans se craqueler, conserver au cuir toute sa souplesse.
Bien que ce travail ne lui ait pa été confié par le gouvernement mais par un intermédiaire il était quand même très bien payé. Comme il s'était engagé à livrer rapidement et qu'il ne voulait  mettre personne au courant de sa fabrication, il travaillait jusqu'à vingt heures par jour, prenant à peine le temps de manger et de dormir. Il se faisait ainsi quatre vingt francs or par jour. Instruit par sesdiverses expériences, ne voulant pas encore une fois perdre tout son argent; il prit des precautions; il savait queles banques peuvent  faire faillite, que chez lui il pouvait être cambriolé et que des achats de terrain ou d'immeubles n'etaient pas non plus une sécurité en cas de révolution ou de coup d'Etat, ce qui était fréquent en Amérique duSud. Il adopta donc à la fois les  trois solutions en songeant que tout ne pouvait arriver à la fois et qu'il aurait ainsi une réserve d'un coté ou de l'autre. Heureusement aucune des catastrophes envisagées  n'arriva. Pierre était devenu un  personnagr impportant et on l'appelait "Don Pédro".
    C'est alors qu'il songea à se marier. Il avait connu une jeune  fille qui habitait VALPARAISO. Il décida un jour d'aller la voir et prit le train pour cette ville. C'est au cours de ce voyage qu'il lui est arrivé l'aventure que je cite telle qu'il me la racontait.


  "J'etait seul dans un wagon du train  deVALPARAISO quand dans une rampe le train montait lentement, plusieurs personnes montèrent en marche dans ce wagon et aussitot installés, se mirent à déballer des victuailles, puis  l'un d'eux m'invita sur un ton autoritaire à manger avec eux. Je refusais poliment malgré leur insistance en disant que je ne pouvais pas , que je souffrais beaucoup de l'estomac et que j'allais à VALPARAISO justement pour me faire opérer. Celui qui m'avait invité s'approcha de moi et me dit d'un air menaçant;"il faudra bien que vous mangiez etvous buviez!". J'avais très peur etheureusement pour moi  le controleur du train entra à ce moment dans notre wagon. Je lui dis "Monsieur le Controleur j'ai l'honneur de vous avertir que je suis ici avec des bandits!". Alors il me fit passer avec lui dans unautre wagon ferma la porte derriere nous et ainsi me sauva la vie".

Pierre fut-il réellement en danger ou eut-il peur sans raison? Nous ne saurons pas, toujours est il qu'il décida  de ne plus retourner à VALPARAISO voir la demoiselle et que ce serait à elle devenir à SANTIAGO  si elle voulait le revoir. Il n'y eut pas de suite.
Pierre avait été remarqué par une jeune Chilienne qu'il avait rencontré chez des amis. Elle avait été séduite  par ses yeux bleus et ses cheveux blonds très rares dans  ce pays. Pierre était très chaste et ne répondit jamais  à ses avances. Un jour, à  un repas oµ  ils assistaient l'un et l'autre, elle dit aux invités :"Don Pédro, si on lui présentait l'amour tout prêt sur un plat, il  refuserait de se servir!" ceci quand même sur un ton  de bonne humeur et sans rancune.

     Tous les français  de SANTIAGO se connaissaient et se réunissaient au moins une fois par an, le quatorze juillet, pour un repas en commun et d'autrefois par petits groupes d'amis. C'est au cours de l'une de ces réunions que Pierre fit la connaissance d'Amélie CHRESTIA ;c'était une jeune fille des environs de PAU qui était venue au CHILI en compagnie de religieuses pour travailler dans un hôpital. Amélie et Pierre se marièrent en 1898.
  Comme les Français, les Allemands de SANTIAGO se réunissaient aussi pour certaines fêtes. Au cours de l'une de ces réunions ils  avaient organisé un stand de tir au fusil de guerre. A cette époque beaucoup  d'Allemands, comme aussi beaucoup de Français, considéraient la guerre de 1870 comme une  première manche nécessitant une revanche; on sait ce  qu'il en advint. Comme Pierre se trouvait de passer par là, les Allemands qui le connaissaient l'invitèrent à participer  à leur concours. Lui n'avait jamais touché fusil  et se disposait  à refuser, mais les Allemands insistèrent tant qu'il finit par accepter. On lui remit un fusil et on lui montra la cible. Les Allemands commençaient à ricaner en le voyant viser les deux yeux ouverts (c'est que Pierre, depuis longtemps bien que ce ne fut pas apparent, n'y voyait que d'un oeil).Ainsi qu'il arrive parfois aux tireurs maladroits, Pierre plaça la balle en plein centre  de la cible. Les Allemands furent stupéfaits, et comme Pierre  refusa de tirer à nouveau ils songèrent qu'il ne ferait pas bon l'avoir en face au cours de la prochaine guerre. Heureusement pour lui, Pierre, revenu en France, était trop àgé pour y participer

Pierre avait monté un magasin de vente au détail d'articles de tannerie. Comme les voleurs à l'étalage étaient  très nombreux, il devait se tenir constamment sue ses gardes. Il avait séparé son magasin qui tenait tout le travers afin d'empêcher les clients d'approcher des rayons où se trouvait la marchandise. Un jour deux hommes, dont l'un avait un grand  manteau sans manche lui demandèrent des peaux de de chevreau. Celles-ci se vendaient par paquet de douze. Pierre en it un paquet sur le comptoir. Les hommes demandèrent à voir  autre chose, puis après avoir assez  parlementé, déclarèrent que finalement rien ne faisait leur aaffaire. A ce moment Pierre vit une patte de chevreau qui dépassait  du maanteau. Il leur dit " Celle que vous avez sous le bras ne fait pas non plus votre affaire?". L'homme confus bredouilla puis repose  la peau sur le comptoir, mais comme il en avait besoin il offrit cette fois de la payer. Pierre un peu rageur, accepta quand même et la lui vendit au prix normal.

Une autre fois  un homme entre et lui demande un rouleau de cuir de vache; il lui demande le prix et au moment de payer , il saisit le rouleau  et prend la porte à toute vitesse sans rien donner. Pierre saute par dessus le comptoir et se met à sa poursuite. Il avait du fermer le magasin ce qui permit à l'homme de prendre  une certaine avance, mais il était embarrassé; Pierre espérait  quand même  le rattraper. Après  une assez longue poursuite  le voleur s'engageait dans un mauvais quartier où Pierre aurait été loin de trouver assistance. Il allait renoncer à sa tentative quand l'homme se croyant  sur le point d'être pris jeta le rouleau de cir  dans un canal qui se trouvait à proximité. Pierre, avec beaucoup de difficultés. parvint à repêcher son cuir et rentra chez lui sans en demander davantage.
  Après quatorze années de travail acharné au Chili. Pierre estima qu'il pourrait désormais  vivre de ses économies et décida de rentrer en France.

 

 

  

 

          

 

 

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